Namche Bazar : la capitale Sherpa !

Lundi 10 avril 2023

C'est notre journée de repos dans la capitale Sherpa la bien nommée Namche Bazar, 3 400m. Jour de repos ou plutôt ''jour d'acclimatation'' comme l'indique notre road book. Cela signifie que nous allons dormir au même endroit mais qu'au cours de la journée, nous allons monter en altitude puis redescendre. Le sens de cette opération est de stresser en douceur notre corps pour lui indiquer qu'il faut fabriquer encore plus de globules rouges. Tout en évitant de faire apparaître les symptômes du mal des montagnes.

Acclimatation day.

L'objectif de notre balade est tout trouvé, juste au-dessus de notre tête : le fameux Everest View Point. C'est à la fois un paradoxe et une pudeur des plus grosses montagnes de ne pas toujours se laisser voir depuis le fond des vallées... Ainsi pour admirer l'Everest faut-il grimper sur les crêtes. 

L’Everest est le “petit bout” de sommet caché derrière la montagne au centre de l’image

''J'avais beau savoir qu'elle apparaîtrait au détour du sentier, c'est quand même un choc.” Raconte Maxime. “Dire que dans quelques semaines, nous tenterons de nous y tenir debout ! Ça paraît loin comme la lune”.

D'autant qu'aujourd'hui, comme pratiquement chaque jour du printemps, la cime se coiffe d'un immense panache de neige drossé à l'horizontale. Ces vents de jet stream soufflant à plus de 150 km/heure ne laisseraient nul espoir à nul humain d'en atteindre la cime. 

“Sur les sentiers, nous marchons rarement seuls, poursuit notre marin. Dans ces moments, j'apprends à apprécier Nima, le Sherpa avec qui nous tenterons le sommet prochainement. Il est calme et posé. Je ressens dans chacun de ses mots, son immense expérience. Il a déjà fait 7 fois l'Everest le bougre et un nombre incalculable d'autres sommets de plus de 8000 m. Il me fait comprendre qu'à l'Everest, le beau temps, c'est quand le vent se calme.”

La surprise.

La vue est tellement saisissante à 3 880 m que nous décidons de faire une surprise à nos partenaires. Pourquoi ne pas les faire venir ici demain grâce à l'hélicoptère pour un ultime au revoir ? Leur donner l'occasion d'admirer de près ces fabuleux géants qui restent invisibles ces jours derniers depuis les brumes de Kathmandou... 

Aussitôt dit aussitôt fait. Très excités par ce bon coup, c'est presque en courant que nous redescendons sur Namche et ses ruelles animées. 

Namche, joyeux bazar.

“J'ai été vraiment étonné à la fois par la taille et par l'activité de la capitale Sherpa. Difficile d'imaginer pareil bourgade à une telle altitude... On y trouve des restaurants de belle qualité et même des pubs où la musique est bonne.” Pour notre dernier soir dans “la civilisation”, nous avons accepté l'invitation de nos Sherpas d'aller y partager une bière et faire une partie de snooker. Ce fut l'occasion de parler un peu de leur vie privée, de leur famille, de leurs aspirations. Nima, par exemple, rêve d'envoyer ses enfants étudier dans un pays occidental. Il se demande combien de fois encore il lui faudra gravir l'Everest pour pouvoir se le permettre...

Mardi 11 avril 2023

Pour augmenter nos chances d'offrir la plus belle vue à nos amis, nous avons calé le rendez-vous surprise à 8h du matin. Cela signifie pour nous un réveil à 5h... “Ça pique un peu, avoue Maxime, bah ! Il paraît qu'être alpiniste c'est souvent se lever tôt. De plus, je crois que le départ pour le sommet de l'Everest se fait en pleine nuit alors autant s'entraîner tout de suite !”

Le timing est parfait, la surprise totale, la journée idéale. Les faces Sud du Thamserku et de l'Ama Dablam scintillent de mille-feu. Elles nous écrasent de plusieurs milliers de mètres. Impossible de rester insensible à ce spectacle, s'enthousiasme notre navigateur, je ne sais même pas si on s'y habitue un jour. Les échelles deviennent carrément irréelles quand on tourne le regard vers l'Everest.

Parallèle avec la voile.

“Beaucoup plus loin et beaucoup plus haute, elle tourne en ridicule des sommets qui d'où on se tient, nous paraissent déjà totalement inaccessibles.” C'est là que j'ai fait le parallèle avec une course à la voile. Pendant celle-ci, jamais je ne me projette sur l'arrivée.

J'essaie au contraire de vivre les choses au jour le jour, dans l'instant présent des défis qui se présentent et dans le plaisir de les surmonter. Je vois bien qu'ici c'est la même chose. Qu'il faudra encore des semaines pour arriver au pied du géant et se sentir prêt à grignoter ses flancs.”

Alors nul impatience pour toute l'équipe, juste un nouvel au revoir encore plus fort que le précédent à Katmandou. L'émotion est palpable et tous ceux qui l'ont déjà vécu font immédiatement le parallèle avec les yeux humides croisés un certain dimanche de novembre sur un quai des Sables-d'Olonne...

© Récit : Guillaume Vallot - Photos : Guillaume Vallot - Jérémy Sorel - droit réservés

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