Dingboche : tout roule !

Mercredi 12 avril 2023

Voici typiquement une étape de transition à la fois dans la nature du terrain et dans le sérieux de l'altitude. Les forêts ont disparu pour laisser place à un terrain de moraines et de torrents indisciplinés. Pour Maxime, '' les choses sérieuses ont commencé. Paradoxalement, je me sens beaucoup mieux qu'au Mont Rose, à la même altitude, il y a 20 jours. Je commence à croire que la pré-acclimatation et la préparation ont été bonnes ! Je surveille régulièrement ma saturation en oxygène grâce à un oxymètre et grâce à ma montre. On commence à voir des décrochements notamment au réveil de la sieste où tout le corps notamment la respiration se met au repos. On passe parfois sous les 80 % de saturation ce qui semble très bas. Je crois que dans les hôpitaux français quelqu'un qui passe sous les 95 on commence à envisager une mise sous oxygène... Mais le royaume de l'hypoxie en montagne a ses propres règles et nous apprenons à les respecter. En bref tout va vraiment très bien sur le plan physio.''

Sur la route de Dingboche, se croisent les trekkers et les équipes en partance pour les camps de base. Autant dire que c'est la haute saison. '' Nous ne sommes pas seuls c'est clair mais, d'une part, la montagne est grande. Et d'autre part, c'est un joyeux Melting-Pot qui, une fois qu'on en a pris son parti, est plutôt sympa. Il y a par exemple un père et un fils mexicains qui ont lancé une boîte d'épices et qui vont tenter l'Everest pour en faire la promotion. On les croise tout le temps ils sont très joyeux. On fait aussi souvent chemin commun avec un gros groupe de chinois qui marche très lentement et en rangs serrés.''

Un moment tendu tout de même quand un jeune conducteur de bêtes de somme doit réajuster la charge d'une jeune Dzoo, croisement de vache et de yak. Ayant pris du retard, celle-ci voudrait rattraper ses congénères sans lesquels elle se sent perdue. Malheureusement, c'est un secteur où se succèdent pentes et falaises. Le sentier est unique et impossible de s'y croiser facilement. Le jeune pâtre a bientôt toutes les peines du monde à retenir sa bête qui devient de plus en plus nerveuse au milieu des très nombreux marcheurs. 

Il faut se jeter sur le talus pour éviter les cornes. Tout rentre bientôt dans l'ordre quand la bête affolée se libère de sa corde et de son maître pour rejoindre en trottinant son troupeau...

Dingboche nous accueille finalement en grandes pompes. Croisement de deux grandes vallées, le hameau est devenu au fil des ans la halte favorite des marcheurs, au grand dam d'autres villages peu à peu beaucoup moins fréquentés. Il faut dire que le lieu a tout de l'extraordinaire. Les géants himalayens nous entourent sans nous écraser, le soleil nous y réchauffe sans nous brûler. 

“Demain deuxième randonnée d'acclimatation, se réjouit Maxime. Nos chers Sherpas nous promettent que nous passerons la barre des 5000m !” Bon mais comme leurs prévisions sont toujours plus ou moins fausses en heures et en centaines de mètres, nous nous couchons en rigolant, prêts à accueillir ce que l'Himalaya nous donnera.

© Récit : Guillaume Vallot - Photos : Guillaume Vallot - Jérémy Sorel - droit réservés

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