Lobuche : Se sentir vivant…

Vendredi 14 avril 2023

De Dingboche à Lobuche

''Je me suis rarement senti aussi vivante... C'est quand même paradoxal dans un endroit pareil ! '' Cet ''endroit pareil'' c'est le Tuckla pass, point d'orgue de notre avant dernier jour de trek. Le col accueille des dizaines de cairns et de petites stupas, monuments en hommage aux victimes de la haute altitude. C'est Perrine, la jeune femme du groupe qui prononce ces mots, toute étonnée que l'euphorie puisse la gagner dans un lieu de recueillement.

'' Et les gars, ce serait pas le sommet du Lobuche en face de nous ?!'' La cime se dresse soudainement au col de Tukhla. '' Elle a l'air très impressionnante. Je me demande bien par où on va en atteindre la cime ! Guillaume et Julien, montagnards expérimentés, me rassurent en m'expliquant que toute paroi vue de loin semble à première vue verticale car les différents plans s'écrasent. Et en effet, vers midi, nous découvrons la paroi de profil. Aux jumelles, nous y imaginons des emplacements de camps. Et, en fin d'après-midi, on avait carrément l'envie pressante d'y grimper.''

Aujourd'hui, on calme le jeu.

'' C'est à peine croyable! remarque Maxime. Je n'ai d'habitude, jamais de crampes aux jambes et ce matin mes deux quadriceps me font bien mal. Tout ça pour avoir dévalé quelques centaines de mètres en courant. Donc, aujourd'hui, on calme le jeu : l'étape est longue, dans un décor de cinéma.'' De longues prairies suspendues où cavalent des yak en semi-liberté défilent sous les incroyables parois du Kangtega.

Première nuit à 5 000... Tranquille !

Lobuche, c'est le nom d'une belle montagne de plus de 6 000 m. Mais c'est aussi le dernier vrai village d'alpage avant le camp de base. Blottis au pied de la montagne éponyme, les lodges s'alignent. Ils se sont multipliés depuis quelques années. Pourtant, tout est plein à craquer. Nos porteurs vont devoir redescendre au village précédent pour trouver de la place où dormir.

Pour les consoler de cet effort supplémentaire dont ils se seraient bien passés, nous leur offrons un copieux Dal Bhat, leur plat préféré.

« Avec cet épisode, je réalise, analyse Maxime, combien le trekking aura été tranquille et confortable... Cool. Avec ce qui nous attend après, je n'aurais pas eu envie d'avoir froid, de souffrir. Ces huit dernières journées, paisibles et joyeuses, auront été la meilleure préparation et acclimatation dont je pouvais rêver avant l'arrivée, demain, au camp de base. Une nuit à 5 000 mètres, sans le moindre mal de crâne, sans la moindre apnée du sommeil, après mes souffrances du Kilimandjaro, je n'aurais jamais cru ça possible... Tant mieux ! »

© Récit : Guillaume Vallot - Photos : Guillaume Vallot - Jérémy Sorel - droit réservés

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